Bruxelles brille dans "La nuit se traîne"
Ce n’est pas souvent qu’une production Belge fait autant parler d’elle et pour cause, « La nuit se traîne » est un thriller d’action plus que réussi.
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Le film se passe sur le temps d’une nuit à Bruxelles. On y découvre Mady, un étudiant travaillant la nuit comme serrurier. Un gars sans histoires qui va se retrouver dans un bordel sans nom (littéralement).
Le film est très intelligent dans sa façon de montrer quel genre de personne est Mady. Il y a un vrai travail du « Show, don’t tell » (Montre, ne dis pas), qui rend le film très plaisant et nous laisse réfléchir et nous forger notre propre avis sur le protagoniste. Ces scènes illustrent parfaitement les valeurs du héros et nous permettent de mieux le comprendre lui et ses choix.
Une des grandes réussites du film se trouve dans sa capacité à nous faire ressentir ce que le héros ressent. Mady se retrouve dans une situation si compliquée avec aucune échappatoire que toutes les actions et décisions qu’il prend sont justifiées par le contexte et ce, malgré le fait que ça va à l’encontre de son caractère. Même si on le voit se débattre pour rester fidèle à ses valeurs. Cette impression de voie sans issue permet de mieux comprendre le personnage et, pendant un moment, on a l’impression d’être à sa place.
Les plans dans Bruxelles en pleine nuit rendent l’histoire plus belle mais aussi plus anxiogène. À chaque course-poursuite, à chaque détour dans une rue, on se demande comme notre protagoniste va pouvoir s’en sortir. Chaque revirement de situation écrase le peu d’espoir de résolution que le spectateur a pu construire. L’expression « voie sans issue » illustre parfaitement la situation dans laquelle se retrouve Mady.
La bande son du film est aussi très bien travaillée. C’est donc un délice pour les yeux mais aussi pour les oreilles. Le titre du film n’est d’ailleurs pas anodin et fait référence à la chanson « La nuit n’en finit plus » de Petula Clark, qu’on entend plusieurs fois au cours du film, comme un fil rouge pendant cette nuit si longue que vit Mady.
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Le film n’est pas un simple récit d’action rempli de courses-poursuite, mais aussi un vecteur de réflexion. Michiel Blanchart, le réalisateur, réussit avec brio à aborder des thèmes difficiles et très politisés. Le film prend place lors d’une manifestation Black Lives Matter, La violence policière est au centre du récit et fait partie intégrante du décor, comme quelque chose de banalisé et normal mais, somme toute, illogique. Le film dénonce les différences de traitement entre les personnes blanches et les minorités ethniques. Et la scène finale est parfaite pour sa dénonciation et la morale qu’elle partage.
Au final, il suffit juste d’un contexte flou et d’une couleur de peau marquée pour être le bouc émissaire.
Alix
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