Furiosa, tu ne méritais pas ça
Avec "seulement" 160 millions de dollars engrangés au box-office mondial pour un budget de production d'environ 168 millions de dollars (sans parler des coûts marketing - chiffres du 19 juin après un mois d'exploitation), tout le monde a dû admettre le flop qu'a été Furiosa : A Mad Max Saga au cinéma. Et même la boîte qui le produit, Warner Bros. ayant décidé de le proposer - déjà ! - en vidéo à la demande (VOD) dès la fin de ce mois de juin.
Succès critique total et acclamé hors compétition au Festival de Cannes, le film de Georges Miller n'a pas trouvé son public en salles, malgré un matraquage publicitaire assez intense les semaines qui ont précédé sa sortie. Mais qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
Je tente ici de trouver des réponses pour expliquer une situation qui, en tant qu'amateur de films d'action et de cinéma d'auteur, me dépasse complètement. Car c'est bien de cela dont il est question avec ce nouveau récit prenant place dans un univers post-apocalyptique façonné par le Mastermind australien.
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Comment le public l'a-t-il reçu ? Le trailer ne faisait aucun doute sur la nature première de cette grosse production : un film d'action intense dans la lignée directe de ce que Mad Max : Fury Road avait proposé en 2015. Et c'est là une première erreur dans la manière dont a été "vendu" Furiosa : un film d'action certes, mais complètement différent de son prédécesseur, empruntant d'avantage à 3000 à t'attendre (du même auteur), qu'aux péripéties aussi mutiques qu'explosives de Max Rockatansky. Certes, Furiosa est un film qui vous colle au fond du siège et propose des images (ces valeurs de plan ! Ces mouvements de caméra ! Cette mise en scène !) comme jamais vues dans un autre film, mais c'est avant tout le récit d'une épopée, d'une odyssée et une réinterprétation de plusieurs mythes bibliques ou grecs dont il est question, avec un regard très contemporain. Bref, la vision poussée à son paroxysme d'un auteur poussée passionné de cinéma, qui mêle brillamment grand spectacle et proposition de fond.
La deuxième erreur, à mon sens, est d'avoir vendu ce film comme un blockbuster grand public, bien que réservé à un public de moins de 16 ans. Furiosa est un film d'horreur et gore, abordant des thématiques dérangeantes qui en font une proposition radicale et plus difficile d'accès qu'on ne l'imagine pour le "grand public". Cela dit, était-il possible de vendre ce film autrement ? Peut-être que non.
La troisième erreur que je mettrais en avant est la présence trop imposante du label "Max Max". Spoiler alert : il n'est jamais question du policier déchu dans Furiosa, bien que le récit prenne place dans un univers où il aura son mot à dire. Le public en attendait peut-être également plus de ce côté-là ?
Quoiqu'il en soit, il est triste de voir le sort d'un film qui est probablement ce que le cinéma d'action a proposé de mieux depuis... Mad Max : Fury Road et que l'on ne risque pas voir venir avant qu'un autre auteur de génie ne se manifeste derrière une caméra. Peut-être qu'il s'agira encore du vénérable Georges Miller, si la Warner lui laisse l'opportunité de réaliser The Wasteland, troisième film d'une trilogie qui aura marqué durablement l'histoire du cinéma.
Sébastien
Responsable de la communication