Parler, ça semble si facile
Quelle langue parler lorsque l'on veut partager un secret très lourd à garder ? Quels mots utiliser ? À quelle personne s'adresser ?
C'est en somme les questions que pose Leonardo van Dijl dans Julie zwijgt (Julie keeps quiet) à travers le vécu de Julie, une star montante du tennis confrontée à la suspension de son coach pour des raisons, dans un premier temps, inconnues. L'approche est vraiment intéressante : Julie est d'origine néerlandophone et évolue dans un club de tennis francophone. Elle et ses congénères discutent naturellement de tout et de rien, surtout de la petite balle jaune, en passant du français au néerlandais, répondant à l'un dans la langue de Molière et écoutant l'autre dans la langue de Vondel. Une facilité de langage qui devient obstacle lorsqu'il s'agit de se confier sur une relation supposée problématique, même à ses plus proches.
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Et donc Julie se tait. Est-ce par choix ? Il est vrai que, vu son statut de future star du tennis, Julie est au centre de toutes les attentions avec une pression déjà bien présente sur ses épaules de jeune adulte introvertie et taiseuse. Est-ce par pression sociale ? Tous ses congénères sont invités à se confier à une personne extérieure au club pour évoquer sa relation avec le coach suspendu et dénoncer d'éventuels comportements déviants. Et ceux·-ci demandent à Julie quel est son avis, sachant qu'elle entretenait une relation privilégiée avec ce dernier.
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La film a l'intelligence et la pudeur de ne jamais vraiment répondre à cette question. Car Julie elle-même ne saurait probablement pas y répondre. À son âge (on imagine la quinzaine), il est simplement parfois difficile de trouver les mots pour évoquer une situation - le mot est faible - malsaine. On a peur de la portée qu'ils pourraient avoir tant pour les personnes incriminées, que pour son entourage et surtout pour soi-même. Alors il est plus facile de se taire, même si à l'intérieur ça bouillonne. Et nous aussi dans notre siège on bouillonne avec Julie, on a envie de crier pour elle. Un moment oppressant vite évacué en ce qui nous concerne, mais qui marque durablement les victimes de ce genre de drame, comme Julie.
Sébastien
Responsable de la communication