On en parle depuis des mois et sa première projection à Cannes. Il a en plus bénéficié d’une campagne marketing très agressive. C’est peu dire que The Substance est attendu ! Et je peux vous l’affirmer sans détours : le film de Coralie Fargeat se classe parmi les meilleures productions de l’année.

Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. La réalisatrice et scénariste française ne possède pas un CV bien fourni et n'avait fait parlé d’elle, dernièrement, en 2018 avec son premier long métrage Revenge, primé dans deux festivals de films de genre. Ensuite, aller chercher Demi Moore, star du cinéma des années 90 dont on n’avait plus entendu parler depuis longtemps était un choix osé et, de prime abord, pas vraiment porteur. Enfin, réaliser un film d’horreur (et de body horror) est souvent synonyme de voie de garage, dans une niche adulte qui a ses adeptes mais qui atteint très rarement le grand public.

Mais aujourd’hui, tout le monde en parle, tout le monde veut le voir. Même ici, au Quai10, nous nous sommes laissés emportés par la hype en réalisant notre focus cinéma autour du film, Amélie se prêtant au jeu pour un résultat, soyons chauvins, parfait.

Pourquoi ? Comment a pu se produire ce miracle du cinéma ? Reprenons les points que je mentionnais ci-dessus. Quand la société de production Working Title retient la proposition de Coralie Fargeat, elle sait qu’elle tient une proposition novatrice dans la forme pour traiter un problème de fond peu reluisant. Elle sait fondamentalement que la réalisatrice française est la bonne personne pour traiter ce thème avec les actrices désirées, à savoir la violence d’un star-system dirigé par des hommes, et toute la pression qui en découle sur les femmes (après tout Revenge traitait déjà de la violence faite aux femmes). Coralie Fargeat souhaite le dénoncer à travers des actrices - non des acteurs - , avec qui elle doit avoir une confiance totale. The Substance n’aurait assurément pas eu le même impact s’il avait été réalisé par un homme.

Parlons-en des actrices justement. Demi Moore ? L’idée du siècle ! Qui de mieux qu’une ancienne star disparue des écrans pour parler d’une ancienne star sur le déclin ? Inconsciemment, le personnage d’Elisabeth Sparkle prend une signification encore plus importante, simplement parce qu’il est porté par l’actrice originaire de Roswell. De façon plus générale, le casting est un sans-faute total, de Margaret Qualley qui perce peu à peu dans les grandes productions américaine (et qui incarne une Sue en quête de gloire) à Dennis Quaid, une vraie gueule de cinéma, et repoussant dans le rôle du producteur condescendant et violent (et qui s'appelle Harvey, ce qui n’a rien d’anodin).

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Vient enfin la forme, celle du film qui pousse toutes les extrémité visuelles et sonores au bout du bout. Les couleurs criardes, les sons dégoutants, les corps déformés, le sang qui coule par litres, la violence psychologique… The Substance est un film qui bouscule, au sens littéral, mais qui ne le fait jamais sans sens derrière. Chaque scène, chaque composition de plan… Tout est sur-signifié par Coralie Fargeat mais ce n’est que pour mieux appuyer son propos : la violence de l’univers qu’elle dépeint, la violence que subissent les femmes dans cette société dominée par les hommes, la violence d’un système qui vous pousse à faire des choix irréparables.

The Substance, c’est un miracle bien préparé, un film bien plus réfléchi qu’un bête slasher comme on a pu en voir récemment (à tout hasard : Terrifier 3). Et seule une salle de cinéma peut rendre honneur à l’expérience très gratifiante - mais non moins écœurante - que nous propose Coralie Fargeat.

Sébastien

Responsable de la communication

Films

  • The Substance

    Avec The Substance, vous pouvez générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite… Il suffit de partager le temps. Une semaine pour l’une, une semaine pour l’autre. Un équilibre parfait de sept jours.…

    Genre
    Drame
    Durée
    2H21
    The substance