Young Hearts : l'amour en plein soleil
Récit sur l'acceptation de soi et du regard des autres sur sa sexualité naissante, Young Hearts évite de sombrer dans le genre dramatique pour embrasser un ton résolument solaire, quitte à assumer ses excès de bons sentiments.
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C'est l'histoire d'Elias, un jeune adolescent vivant dans la campagne flamande au sein d'une famille sans histoires. Alors que son père, chanteur de chapiteau composant des morceaux à l'eau de rose, voit sa carrière musicale décoller, Elias voit lui débarquer un nouveau voisin. Il vient de Bruxelles, il s'appelle Alexander et fait naître un sentiment inconnu jusqu'alors chez Elias : de l'attraction pour un homme.
Le sujet de l'homosexualité chez les jeunes adolescents n'est pas une première dans le cinéma belge. Impossible de ne pas penser à Close en lisant ce synopsis et à son jeune acteur Eden Dambrine qui partage quelques traits avec Lou Goossens, l'interprète du jeune Elias. Mais là où Lukas Dhont empruntait une voie plus dramatique dans le traitement de ses personnages, avec cette charge émotionnelle intense qui en résultait, Anthony Schatteman donne un ton résolument plus positif à son récit. Et si l'impact émotionnel n'est pas aussi fort que dans Close, on n'en sort pas moins avec la larme à l'œil.
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La première chose qui frappe et qui donne une indication sur la direction du film, c'est sa photographie. La campagne belge et, bien que peu exposée, Bruxelles, offrent des contrastes dignes d'une belle fin d'après-midi estivale. L'atmosphère sereine de l'univers d'Elias et Alexander donnent du baume au coeur, même dans les moments difficiles. Diplômé de la KASK School of Arts de Gand et titulaire d'une maîtrise en études cinématographiques et culture visuelle de l'université d'Anvers, Antoine Schatteman s'essaie plusieurs fois à de la mise en scène sublimant son univers coloré : un plan fixe sur une caravane en pleine campagne, un gros plan sur une chanteuse queer, toute de rouge vêtue... Young Hearts est un film résolument solaire dans sa forme, mais également sur le fond.
Je me rappelle ma remarque formulée auprès de mes collègues avant la projection, après avoir appris le synopsis : " eh bien, on va sortir encore plus déprimés de la salle " (c'était une journée grise d'hiver, ça n'aidait pas). C'est finalement tout le contraire. Antoine Schatteman s'attarde davantage sur les moments de bonheur que sur les moments difficiles, bien qu'essentiels pour faire avancer son récit. L'attachement au personnage incarné par Elias ne manque pas, en partie à cause de ce qu'il vit difficilement, mais surtout par ces moments de joie qu'il vit dans la découverte de sa sexualité. Que ce soit en présence d'Alexander, de sa mère, de son grand-père ou même de son père d'ailleurs. Certes, ces moments font parfois un peu guimauve (pour reprendre l'expression de ma collègue Céline) et les facilités de scénario sont parfois trop visibles, mais qu'importe au final : difficile de ne pas retenir ses larmes et de sortir apaisé de cette séance.
Sébastien
Responsable de la communication